La définition la plus communément acceptée par les acteurs de terrain et les scientifiques est celle proposée par le réseau « FINE » en octobre 2001 :
Le Commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du Commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel.
Contrairement au commerce éthique, qui recouvre une multitude de pratiques de type philanthropique, on ne peut parler de commerce équitable que dans le cas de partenariats avec des groupements de producteurs défavorisés au Sud dans le respect des critères suivants :
- le paiement d’un prix qui ne descend jamais en dessous d’un plancher défini et qui est systématiquement supérieur au prix pratiqué sur le marché conventionnel;
- le paiement d’une prime en vue de financer des projets de développement locaux;
- le préfinancement des commandes (jusque 50%) si les producteurs le demandent;
- une relation à long terme avec une certaine stabilité des quantités commandées.
Si d’autres critères sont souvent ajoutés en fonction des acteurs et selon les produits (notamment des spécifications environnementales), il s’agit là du minimum commun à toutes les filières équitables.
On peut distinguer deux filières :
- la filière alimentaire : une partie croissante des produits alimentaires est labellisée par la coupole internationale FLO. Certains produits n’ont pas encore fait l’objet d’une procédure de labellisation mais sont écoulés sous les mêmes critères;
- la filière artisanale : il n’existe pas de labellisation des produits en eux-mêmes : ce sont les organisations de la filière qui peuvent être certifiées par le réseau IFAT.
Deux types d’acteurs coexistent au sein du commerce équitable. Premièrement, les organisations qui s’y consacrent entièrement sont appelées « Alternative Trade Organizations » (ATOs). Ces organisations, dont font partie les pionniers à la base de l’initiative dans les années 1960 et 1970, ont pour la plupart des statuts d’économie sociale (associations ou coopératives) mais peuvent également être des PME. En second lieu, les entreprises à but lucratif (notamment de grande distribution), qui ne proposent que quelques produits équitables dans leur offre, ont intégré la filière dès la fin des années 1990, ce qui a suscité une forte croissance des ventes et de la notoriété auprès du grand public.
Au niveau mondial, les ventes de commerce équitable ont atteint 900 millions de dollars en 2003 et près de 660 million de dollars rien qu’en Europe en 2004. Les parts de marché des différents produits peuvent aller de 1 ou 2% jusqu’à 20% pour le café au Royaume-Uni et même 50% pour les bananes en Suisse. La croissance des ventes est impressionnante : elles avoisinent annuellement les 30 à 40% pour les produits labellisés par FLO.
Les ventes de commerce équitable en Belgique ont dépassé les 30 millions d’euros en 2006 (contre 12 millions d’euros en 2000). Le paysage belge est dominé par Oxfam : l’aile flamande (Oxfam-Wereldwinkels et Oxfam-Fair Trade) commercialise les produits alimentaires tandis que l’aile francophone (Oxfam-Magasins du Monde) gère la filière artisanale. Dans l’alimentaire, les autres « ATO » sont Miel Maya et Fair Trade Organisatie. Quant aux grandes surfaces, elles proposent toutes un certain nombre de produits équitables, particulièrement Delhaize et Carrefour. Dans l’artisanat, on assiste à une multiplication de petites entreprises telles que Citizen Dream, Emile ou encore Sjamma. La labellisation des produits alimentaires est assurée par Max Havelaar Belgique. Le commerce équitable dispose d’une cellule de promotion au niveau politique à travers le « Fair Trade Centre » qui est hébergé à la Coopération Technique Belge.Outre les activités de promotion de la filière (notamment la Semaine du commerce équitable organisée annuellement), le Fair Trade Centre suit de près les propositions de loi en vue d’une reconnaissance officielle du commerce équitable en Belgique.
Sites :
- Fair trade : www.fairtrade.net
- Trade for development Centre : www.befair.be
- Belgian Fair Trade Federation (BFTF) : http://www.bftf.be/fr/
Publications :
- Biélande, P., « Le Fairtrade sera-t-il victime de son succès? », in Alter Business News, 100, 2005
- Krier, J.-M., Fair Trade in Europe 2005: facts and figures on Fair Trade in 25 European countries. Brussels, 2005
- Moore, G., « The Fair Trade movement: parameters, issues and future research », Journal of Business Ethics, 53(1), 2004, pp.73-86